Comment gérer l’informatique d’une petite entreprise : architecture, outils et bonnes pratiques
Dans une petite entreprise, l’informatique est souvent à la fois le cœur et le talon d’Achille de l’activité. Tout doit fonctionner simplement : les ordinateurs doivent démarrer sans problème, l’imprimante doit répondre au quart de tour, les sauvegardes doivent être automatiques… et personne ne veut se soucier des câbles ou des pare-feu. Pourtant, pour que tout roule, il faut mettre en place une infrastructure cohérente, fiable et sécurisée. C’est ce qu’on va t’expliquer dans cet article complet et accessible.
1. L’informatique d’une petite entreprise : un besoin bien réel
Souvent, les TPE et PME ont des besoins simples, mais critiques. Pas besoin d’un data center comme chez Google, mais il faut un minimum :
- Une connexion Internet stable
- Des postes de travail fiables
- Un réseau interne pour partager des fichiers
- Une téléphonie professionnelle
- Une sécurité minimum pour éviter les drames
Et tout ça doit être géré avec un budget souvent serré, peu de personnel dédié à l’IT… et une exigence de fonctionnement quasi permanent.
2. Architecture réseau : les fondations invisibles
2.1 Le réseau informatique local
Le réseau local (LAN) est ce qui permet à tous les équipements de communiquer entre eux. Il relie les ordinateurs, les imprimantes, les serveurs, les caméras de surveillance, les systèmes de badge ou de pointage…
Voici les éléments clés :
- Routeur : fait le lien entre ton réseau et Internet.
- Switch : relie plusieurs équipements dans ton réseau local.
- Câblage Ethernet : essentiel pour une connexion rapide et stable, surtout pour les postes fixes.
- Bornes Wi-Fi : pour connecter les appareils mobiles (portables, smartphones, tablettes).
2.2 La téléphonie : la VoIP à la rescousse
Oublie les lignes analogiques classiques. Aujourd’hui, la téléphonie passe par Internet. C’est ce qu’on appelle la VoIP (Voice over IP). Elle permet de centraliser les appels, de transférer les lignes, d’enregistrer des messages vocaux, de travailler en mobilité avec un simple softphone.
Exemples d’outils : 3CX, Ringover, OVH Téléphonie. Certains sont même compatibles avec Microsoft Teams ou Google Workspace.
2.3 Le point de vue de l’utilisateur final
Un bon système IT est celui qu’on ne remarque pas. Pour l’utilisateur, tout doit fonctionner. Cela implique :
- Des sessions qui s’ouvrent rapidement
- Un accès simple aux fichiers partagés
- Une messagerie fluide (Outlook, Gmail, Thunderbird…)
- Des appels qui passent sans grésillement
- Une imprimante qui répond… et imprime !
3. Serveurs et infrastructure : le cerveau du réseau
3.1 Serveur physique ou virtuel ?
Tu peux héberger un serveur sur place (physique), ou dans le cloud (Microsoft Azure, AWS, OVHcloud). Les deux options ont leurs avantages :
- Physique : tu gardes la main, mais il faut l’entretenir et le sécuriser.
- Cloud : pas de maintenance physique, mais coût mensuel et dépendance à Internet.
3.2 Machines virtuelles (VM)
Une seule machine peut héberger plusieurs serveurs virtuels : serveur de fichiers, serveur d’impression, Active Directory, serveur de sauvegarde, etc.
Exemple : Proxmox, VMware ESXi, Hyper-V
3.3 Le stockage des données
Le NAS (comme Synology ou QNAP) est souvent la meilleure solution : facile à utiliser, sécurisé, accessible à distance. Tu peux créer des dossiers partagés pour chaque service, avec des droits spécifiques.
4. Sécurité : ne laisse pas la porte ouverte
4.1 Firewall (pare-feu)
Le pare-feu protège ton réseau contre les intrusions. Il bloque ce qui est suspect et autorise ce qui est légitime. Tu peux choisir :
- Matériel : Fortinet, Cisco, Ubiquiti, Sophos
- Logiciel : pfSense, OPNsense
4.2 Antivirus professionnel
Ne te contente pas d’un antivirus gratuit. Opte pour des solutions pro centralisées : BitDefender GravityZone, ESET Endpoint, TrendMicro, etc.
4.3 Sauvegardes
Une règle d’or : la règle 3–2–1
- 3 copies des données
- 2 supports différents
- 1 copie hors site (cloud ou disque externe)
Exemples : Veeam, Acronis, Duplicati, Backblaze
4.4 Gestion des accès
Utilise un annuaire central (Active Directory ou Azure AD) pour gérer les comptes, droits, mots de passe, connexions distantes…
5. Supervision : savoir ce qui se passe
Sans outil de surveillance, tu voles à l’aveugle. Quelques outils recommandés :
- PRTG Network Monitor : visuel, facile
- Zabbix : open source et très complet
- Centreon : français, open source, pro
- Grafana + Prometheus : pour les plus techniques
6. Outils pratiques pour l’informaticien (et les autres)
- RustDesk, AnyDesk, TeamViewer : prise en main à distance
- Chocolatey (Windows), Brew (Mac) : déploiement de logiciels automatisé
- Microsoft Intune, Jamf : gestion de flotte d’ordinateurs
- LibreNMS, NetBox : cartographie réseau
7. Gratuits ou payants ? Quel choix faire ?
Tu peux tout faire gratuitement… mais ce n’est pas toujours une bonne idée. Voici une stratégie hybride recommandée :
Outil | Gratuit ? | Payant recommandé ? |
---|---|---|
Antivirus | ❌ | ✅ |
VoIP | ✅ | ✅ |
NAS | ✅ (OpenMediaVault) | ✅ (Synology) |
Supervision | ✅ (Zabbix) | ✅ (PRTG) |
Sauvegarde | ✅ | ✅ |
Firewall | ✅ (pfSense) | ✅ (Fortinet) |
8. Bonnes pratiques à mettre en place
- Documente tout : IP, mots de passe, topologie
- Forme les utilisateurs à la sécurité de base
- Automatise tout ce qui peut l’être
- Teste les backups tous les mois
- Planifie les mises à jour
9. Exemple concret : TPE de 10 salariés
- Connexion fibre pro + routeur Ubiquiti
- Switch Netgear ProSafe
- NAS Synology 2 baies avec sauvegarde externe
- Bornes Wi-Fi UniFi + VLAN invités
- VoIP avec 3CX hébergé sur VPS
- 10 PC Windows 11 gérés par Intune
- Supervision avec PRTG
10. Conclusion
Gérer l’informatique d’une petite entreprise, ce n’est pas seulement « installer des ordis ». C’est mettre en place un écosystème qui permet aux gens de travailler, de communiquer, de partager, de protéger leurs données… sans s’en rendre compte. Avec les bons outils, une architecture claire, un peu de méthode et une supervision intelligente, tu peux transformer l’informatique en alliée du quotidien, et non en source de stress. Maintenant que tu sais par où commencer, il ne te reste plus qu’à structurer ta propre stratégie !